Je suis mon kasàlà du jour
Nouvelle, rebelle, crépitante comme une étincelle
Je m’appelle Elodie Virginie Marie-Rose Henriette
Nommée ainsi par ma maman chérie Zoé-Elisabeth Yowalola, la Congolaise
Celle qui a croqué sa vie à belles dents en parcourant tous les continents
Celle qui s’en est allée
et qui pourtant vit encore, vivante, dans le cœur de tous ceux qu’elle a aimés
même de tous ceux qui l’ont côtoyée
Femme à la peau ébène
Femme parfois maltraitée par la vie mais qui s’est toujours relevée !
Je suis la belle Hollandaise, black and beautiful, née dans des terres colonisées, indépendantes mais pas tout à fait libérées, qui luttent encore contre leurs dictateurs souvent trop aimés !
Une Gieskes issue des terres européennes du Nord-Est, d’Hengelo et d’Enschede pour bien les nommer
Une Gieskes parmi des centaines d’autres issus de nos grands-parents bien-aimés, Vovo Marie-Thérèse Mulazi Moreais Kanzi et Opa Jan-Hendrix Gieskes
Fille de Henry-Joseph Gieskes et Kanzi di Zenga Henry, l’homme au double nom, à la triple nationalité, défenseurs de ses ancêtres et contemporains de sang opprimés, homme au charme fou, au charisme ravageur, dit Monsieur Henry, père qui prônait la noblesse des gestes et qui ne se savait pas tant aimé car il traitait ses enfants avec amour et sévérité
Je suis Kanzi Ngalasa, de la lignée de cette belle princesse cabindaise, fille de Joseph Moreais Kanzi et de Pilisi Muan Ngu Kazi, qui décida de quitter son cher village natal pour suivre ce bel étranger aux yeux bleus et aux grandes oreilles décollées, signe très particulier dont ses nombreux descendants restent fiers et honorés !
Je me retrouve dans cette grand-mère, femme moderne de l’ancien temps, multilingue puisqu’elle parlait les dialectes du Kikongo pur : le Kofchi, le Kiwojo et le Kiyombe du Kongo-central, ainsi que le français de ses enfants et petits-enfants tout en écoutant certainement son époux lui susurrer de tendres mots Hollandais.
Mais qui suis-je vraiment ? Mon corps, mon âme et mon esprit cherchent en moi tout ce que je suis, tout ce que je ne suis pas. Comme le kasàlà contemporain, je cherche encore ma voie. Lorsque je m’écris, je me découvre autre, je ne suis pas celle qui se dit. Peut-être suis-je plusieurs en moi. Cela ne m’étonne pas car à tous mes noms, j’ajoute parfois Kessie de Gloie, ma jumelle d’anagramme sous-laquelle je me cache de temps en temps depuis de nombreuses années. Je suis aussi Ngalaka la Belgicaine, devenue par hasard Elodie Ngalaka, nommée ainsi par une nouvelle amie qui découvrait mon nouveau moi.
Je ne peux donc dire avec certitude celle que je suis, celle que je ne suis pas. Mais je sais qu’en moi sommeille une femme heureuse même dans ses malheurs, une femme prodigieuse car elle sait ce qu’est l’amour véritable puisque c’est celui qu’elle donne à tout être qu’il soit de lumière ou des ténèbres, une mère imparfaite car c’est ainsi qu’elle peut chaque jour s’améliorer, une épouse aimante, distante quand ses pensées sont trop intimes, un rien câline, un rien coquine, libre et libérée qui aime comme elle voudrait être aimée.
Je suis Elodie la victorieuse qui dévoile enfin ses écrits, qui se contente de ses moments de joie et tentent de se défaire de tout ce qui ne va pas car vivre sa vie vaut bien de s’accepter comme on est soi, comme on voudrait être et comme on n’est pas. Je suis Elodie, une propriété en latin, une fleur fragile ou des champs en grec, une femme riche ou étrangère en langue germanique. Je suis mon kasàlà du jour. Nazali mutu. Et pour vous, qui suis-je ? Comment me voyez-vous ?
Elodie Ngalaka
12 mars 2022
Atelier en ligne
Formation au Kasàlà contemporain, module 1
Professeur Jean Kabuta